Métaphysique du Petit Prince

Si le « le fantastique est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel » (comme le dit T. Todorov), alors le texte du Petit Prince est un conte fantastique : il met en scène l’hésitation d’un narrateur « endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée (…) bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’Océan » et troublé dans sa perception de la réalité physique, par un événement en apparence surnaturel, réveillé et « surpris, au lever du jour » par « une drôle de petite voix » (ch.II). Comme nous l’indiquent les thèmes saillants de l’éveil et de la connaissance de soi, c’est aussi un conte philosophique. Et si, à la question « qui êtes-vous ? », une montagne hostile remplie « d’aiguilles de roc bien aiguisés » ne répond que par un écho automatique (ch.XIX), des écheveaux de solitudes y tissent une trame de rencontres qui dessinent l’allégorie d’une odyssée : Jérôme Ravenet se propose ici de décrire les jalons de ces sauts de conscience, de déchiffrer les étapes de ce voyage à travers la nuit du désespoir et de l’absurde, accompli dans l’espérance d’un retour chez soi et d’une union sacrée.

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